La grande battue 10
Il fallait retrouver cet enfant disparu
L’idée d’une battue aux loups était venue
Si les malandrins se terraient dans les forêts
On en trouverait peut-être quelques traces
Tous les villages en étaient ce jour de fin mai
Déjà des abois couraient sous les sapins noirs
On traquait déjà un vieux loup dans les halliers
De bois en bois de buissons fous en buissons fous
Gaspard avait le sentiment d’être suivi
Il avait des yeux vifs à voir courir le vent
Tout à coup un point d’acier qui étincelait
Lui apparut la balle fit voler son feutre
La nuit était venue dans un brouillard flottant
Troublée par les jappements d’un renard en chasse
Le vent agitait des touffes de noisetier
La traque aux autres loups venait de commencer
Trois jours à arpenter les landes de bruyère
Trois nuits à courir des sentiers de fougère
On avait vu l’enfant marchant dans la montagne
Il était tombé sur une cache dans une grotte
Il arriva à la Belle bergère à l’heure
Où les coqs dialoguent avec ceux de faîence
C’était bon de retrouver les bons compagnons
Se concerter en buvant un coup de vin rude
Il ne s’agit pas de malheur ou de bonheur
Quand on est bâti d’une certaine façon
Un cœur d’homme faisant ce qui doit être accompli
A s’arracher les yeux pour les donner à l’autre.