La complainte de Gaspard
Quand Gaspard de guerre revint
Bras grands ouverts et poings serrés
Et son cœur lourd dénamouré
Le pays le reçut à pleines mains
Son cœur était à fleur de peau
Tout grondait dans sa poitrine
Un cœur moelleux de farine
Cavalcadait à plein galop
C’était bien la même auberge
La couleur noire des sapins
Son regard dur de flamberge
Perçait le visage des humains
Quand Gaspard de guerre revint
L’avait perdu le goût du pain
Le feu avait tanné son cuir
Et brisé les élans du plaisir
Ce monde fou de traîne-malheur
A tué ceux qui sont morts pour rien
Le sang des hommes grondait de peur
Vivre est une torture sans fin
Poitrine au vent il bûchait fort
Pour vaincre sa pulsion de mort
Les jours avaient ce goût amer
Qu’a dans la bouche la terre.